25 janvier 2021
Souvenirs 1954
Le premier magasin photo de mon père au 37 rue du docteur Boutrois, à Isigny-sur-Mer, avant que le numérotage de la rue ne change.
Sur la première photo, mon frère Michel et moi sommes assis sur le rebord de la vitrine. Mon frère a eu 3 ans en novembre 1953. Une photo en témoigne, elle est à gauche de la vitrine on le voit devant le moka cuisiné par ma grand-mère, planté de trois bougies, l’une est éteinte; il lève l’index et dit »j’en ai soufflé une ». Cette photo est restée longtemps au magasin, je la connaît par coeur.
Nous sommes en juin ou juillet 1954, les culottes courtes l’indiquent, ainsi que l’ombre, très courte de la grille sur la 3eme photo. J’ai donc 6 ans et je vais déjà à l’école, je suis vêtu de la blouse grise traditionnelle comme mon grand père qui nous regarde.
Chaque année, une nouvelle blouse grise était achetée pour la rentrée, la blouse d’école, celle de l’année précédente, un peu courte parfois, un peu passée aussi, nous servait à la maison, c’était; »la blouse de tous les jours ».
Mon grand père, retraité de l’éducation nationale, continuait à mettre les siennes quand il jardinait, se livrait à des travaux un peu salissants, ou même quand il m’apprenait à lire et à écrire, là il redevenait l’instituteur. Son chapeau existe toujours, il est accroché dans mon atelier.
La 4CV est notre voiture de l’époque, sur la deuxième photo, on voit l’emblème du photographe, découpé par mon père dans de l’alu et collé à l’avant du capot. À travers le pare brise on aperçoit une barrette fixée par deux ventouses, elle est munie d'une résistance permettant d'éviter (un peu) la condensation, j'ai eu la même sur une 2 CV.
La 4CV cédera bientôt la place à une Dyna Panhard.
Mon père avait ajouté à la photo une activité d’horlogerie comme son ami Debeaupte, photographe à Carentan. Je restais des heures à le regarder démonter une montre, un réveil ou une pendule et la remettre en état; il s’était fabriqué un petit tour de précision en bois de pommier, bien sec, pour refaire certaines pièces introuvables.
J’attendais toujours avec impatience l’objet trop abîmé pour être réparé, une fois entre mes mains, je prenais grand plaisir à démonter toutes les pièces, les engrenages montés sur un axe me servaient de petites toupies.
Sur la deuxième photo, du même côté de la rue, la boucherie Lefèvre, et tout au bout madame Guilloux, épicière, où j’allais acheter du gruyère, la portion de meule était conservée sous une magnifique cloche de verre.
Chez madame Guilloux, on trouvait aussi des pochettes surprises.
La troisième photo, nous montre la vitrine intérieure ainsi que les grosses lettres en bois peintes en rouges fabriquées maison également: HORLOGERIE.
À mes pieds la bobine LUMIERE, en métal, qui était régulièrement sortie sur le trottoir, une autre bobine, ronde celle là, « ROLLA », une autre marque de pellicules, est venue plus tard. On aimait tambouriner sur ces bobines qui rendaient un son assez puissant.
Je ne connaissais pas ces photos, j’ai découvert hier un négatif stéréoscopique qui n’a, je pense, jamais été copié pour être inversé. Il était resté en souffrance dans une boite marquée: »en cours ». Il y en a d’autres, peut être d’autres découvertes…
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